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JM DE LA MER: La réduction des GES dans le secteur maritime est essentielle ! (Interview)



La Guinée, avec son vaste littoral atlantique, possède une richesse marine qui offre de nombreuses opportunités mais qui fait face à des défis importants. L'innovation est donc une clé pour protéger et exploiter durablement cette richesse marine. Cette innovation dans le secteur maritime, particulièrement pour la Guinée, est plus qu'une simple modernisation : c'est une nécessité pour garantir la durabilité des ressources, la résilience face aux changements climatiques, et l'amélioration des conditions socio-économiques des populations côtières. L’avenir des mers et des océans repose sur la capacité de chaque nation à innover, à collaborer, et à adopter des solutions scientifiques et technologiques adaptées aux réalités locales.

Cette innovation pourra aider à relever les défis environnementaux et durabilité en Surveillant et gérant durablement les ressources halieutiques et aussi réduire la pollution marine. Pour parler de cette situation, nous avons rencontrés Professeur Kandè BANGOURA, Directeur de recherche et océanographe. Cet enseignant chercheur, consultant Vulnérabilité et Adaptation au changement climatique, formateur et membre correspondant de l’Académie des Sciences de Guinée, explique tout sur la journée mondiale de la mer.

Bonjour !

 

Dites-nous, pourquoi célébrer la journée mondiale de la mer ?

La journée mondiale de la mer, célébrée chaque année, vise à sensibiliser l'opinion publique sur l'importance des océans pour l'humanité et le rôle crucial des industries maritimes dans l'économie mondiale. Elle met en lumière la nécessité de protéger les écosystèmes marins et d'assurer une exploitation durable en générale et un transport maritime sûr, efficace et respectueux de l'environnement. Les thèmes varient chaque année, mais ils tendent à promouvoir des pratiques durables, des innovations technologiques, et des solutions aux défis environnementaux.

La république de Guinée célèbre généralement la journée mondiale de la mer chaque année à travers l'Organisation maritime internationale (OMI). Cette journée est observée pour sensibiliser à l'importance de la sécurité maritime, de la protection de l'environnement marin et de la gestion durable des ressources maritimes. En tant que pays côtier, la Guinée accorde une attention particulière à la mer et à ses ressources, et des événements ou initiatives peuvent être organisées par les autorités portuaires, le ministère en charge des Pêches, ou d'autres institutions liées au secteur maritime.

L'accent peut être mis sur des thèmes tels que la pollution marine, la sécurité des navires, ou encore la contribution de l'industrie maritime à l'économie guinéenne.

Le thème de cette année est orienté vers l’innovation. Qu’est-ce que cela vous dit ?

Un thème axé sur l'innovation montre que l'industrie maritime est en pleine transformation technologique. Les défis posés par la durabilité, la sécurité et l'efficacité poussent le secteur à adopter des solutions novatrices, telles que la numérisation, l'intelligence artificielle, l'automatisation des navires, et l'intégration de sources d'énergie plus propres. L'innovation peut réduire l'impact environnemental du transport maritime, améliorer la sécurité en mer et répondre aux attentes croissantes en matière de transparence et de traçabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales.

La République de Guinée observe des initiatives liées à l'innovation maritime en relation avec les directives de l'Organisation maritime internationale (OMI), bien que le pays ne soit pas encore un leader majeur dans ce domaine. Mais la Guinée, en tant que pays côtier avec des ressources maritimes importantes, s'efforce d'améliorer la gestion de ses ports et de ses ressources maritimes, avec des innovations principalement axées sur la sécurité maritime, la gestion des ressources halieutiques et la protection de l'environnement marin. Les innovations observées peuvent inclure : Sécurité et régulation portuaire. Lutte contre la pollution marine, Gestion durable des ressources marines. Des initiatives sont parfois mises en place pour se conformer aux conventions de l'OMI sur la réduction des émissions de soufre des navires ou pour réduire les déchets plastiques en mer.

Le Port Autonome de Conakry et d'autres infrastructures maritimes tentent d'améliorer la gestion portuaire et la sécurité des navires. L'OMI encourage des réformes technologiques et des outils innovants pour renforcer la surveillance maritime.

Cependant, la Guinée est encore en phase de développement en ce qui concerne l’adoption de technologies de pointe, comme celles liées à la navigation autonome, la décarbonation du secteur maritime ou l'intégration de l'intelligence artificielle pour la gestion maritime, qui sont des domaines d'innovation plus avancés promus par l'OMI.

Quel pourcentage du commerce mondial est transporté par la mer ?

Environ 80 à 90 % du commerce mondial est transporté par la mer. Le transport maritime est le pilier des échanges internationaux, en particulier pour les matières premières, les produits manufacturés et l'énergie. Cela en fait un secteur essentiel pour l'économie mondiale.

Le transport maritime joue un rôle crucial dans l'économie de la République de Guinée en raison de sa position côtière et de l'importance de ses ressources naturelles, notamment la bauxite, dont elle est l'un des principaux producteurs mondiaux.

En termes de volume, environ 90% du commerce extérieur de la Guinée se fait par voie maritime, ce qui est en ligne avec les tendances mondiales pour les pays disposant de côtes. Les ports principaux, comme le port autonome de Conakry et les ports minéraliers (notamment celui de Kamsar), sont essentiels pour les exportations de minerais (bauxite, or, fer) et d'autres marchandises.

Quel est le principal traité international en matière de sécurité maritime, adopté en 1974 ?

Le principal traité international en matière de sécurité maritime est la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer ‘’safety of life at sea’’ « sauvegarde de la vie humaine en mer » abrégée en (SOLAS), adoptée en 1974. Ce traité fixe diverses normes minimales relatives à la sécurité, la sûreté et l'exploitation des navires, garantissant leur sécurité. Il couvre également des aspects tels que la prévention des incendies, les dispositifs de sauvetage, et la sécurité des passagers. Entré en vigueur le 1er mai 1981, soit six mois après la date à laquelle au moins 15 Etats dont les flottes marchandes représentaient au total au moins 50% du tonnage brut de la flotte mondiale des navires de commerce étaient devenus Parties à ce Protocole par signature définitive ou par le dépôt auprès du Secrétaire général de l'Organisation intergouvernementale consultative de la navigation maritime d'un instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion

Quels sont les principaux défis environnementaux auxquels fait face l'industrie maritime ?

Les défis environnementaux majeurs pour l'industrie maritime incluent : La pollution marine, notamment par les plastiques, les produits chimiques et les hydrocarbures, les émissions de gaz à effet de serre (GES), principalement dues à l’utilisation de carburants fossiles, la gestion des eaux de ballast, qui peuvent introduire des espèces invasives, les déchets et rejets des navires, y compris les déchets alimentaires et l'eau grise, la pollution sonore sous-marine, qui affecte la faune marine.

Comment les nouvelles technologies, comme la digitalisation et l'automatisation, contribuent-elles à la sécurité maritime ?

Les nouvelles technologies, telles que la digitalisation et l'automatisation, contribuent à la sécurité maritime de plusieurs manières : La surveillance en temps réel, grâce à la numérisation, les navires peuvent être suivis et surveillés à distance, ce qui permet de réagir plus rapidement en cas de problème, l’automatisation des navires,  réduit les erreurs humaines, optimise les opérations et améliore l'efficacité énergétique, l’intelligence artificielle (IA), aide à prévoir les conditions météorologiques ou à anticiper les risques de collision, la blockchain, assure la traçabilité des cargaisons et réduit la fraude ou les erreurs administratives. Ces innovations augmentent la sécurité des opérations maritimes tout en améliorant leur efficacité.

Quels objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sont particulièrement liés à la Journée mondiale de la mer ?

Plusieurs ODD sont liés à la journée mondiale de la mer, notamment : ODD 14 : "Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines" vise à protéger les écosystèmes marins et à réduire la pollution des océans, ODD 13 : "Prendre des mesures urgentes pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions" concerne la réduction des émissions de GES dans le secteur maritime,  ODD 9 : "Industrie, innovation et infrastructure" souligne l'importance de l'innovation dans les infrastructures maritimes durables,  ODD 7 : "Énergie propre et d'un coût abordable" aborde la transition vers des sources d'énergie renouvelable pour les navires. Les sources d’énergie renouvelable permettent de réduire la dépendance aux combustibles fossiles, tout en répondant aux exigences de réduction des émissions pour un avenir plus durable dans le secteur maritime. Ces énergies sont notamment, les énergies éoliennes, solaire, Systèmes hybrides. A celles-ci s’ajoute les énergies des vagues et marémotrice,batteries électriques et du biocarburant.

Pourquoi la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur maritime est-elle essentielle pour un avenir durable ?

La réduction des GES dans le secteur maritime est essentielle car ce secteur contribue de manière significative au réchauffement climatique. Le transport maritime, basé principalement sur des carburants fossiles lourds, produit environ 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2.  Sans changements, cette proportion pourrait augmenter avec l'accroissement du commerce mondial. Réduire les émissions dans ce secteur est crucial pour limiter l'impact du changement climatique, respecter les engagements des accords internationaux (comme l’Accord de Paris en 2015), et protéger les écosystèmes marins vulnérables.

Il faut noter qu’aujourd’hui le transport maritime est responsable d'environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2, selon les estimations les plus récentes de l'Organisation maritime internationale (OMI). Cette part peut varier légèrement d'une année à l'autre, mais elle se situe généralement entre 2 et 3 %. Le secteur maritime utilise principalement des carburants fossiles lourds, comme le fioul à haute teneur en soufre, ce qui en fait un contributeur non négligeable aux émissions globales de gaz à effet de serre.

Il est également important de noter que, si aucune mesure significative n'est prise, cette part pourrait augmenter à mesure que le commerce mondial continue de croître. C'est pourquoi l'OMI a fixé des objectifs ambitieux pour réduire les émissions du secteur d'au moins 50 % d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2008, avec une vision à long terme de les éliminer totalement.

Interview réalisée par Aliou DIALLO

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